La Tunisie sous l'emprise des grandes familles d'affaires : tout ce qu'il faut savoir sur le système économique et les enjeux
Dans cet article, je vais donner un aperçu de la réalité politique actuelle en Tunisie, loin des discussions dans les cafés et les couloirs des administrations. Mon objectif est de fournir une vue d'ensemble impartiale, qui ne soit pas celle des syndicalistes ou des politiciens. Je tiens à préciser que j'ai longuement réfléchi avant d'écrire cet article et que je ne cherche pas à créer des ennemis.
La Tunisie est un pays qui ne contient pas de différences sociales importantes qui pourraient causer des conflits entre le peuple. Bien que le régionalisme ait été une problématique, il se réduit progressivement avec l'évolution des mentalités. Le pays est classé 45ème sur 149 pays dans le monde en termes de sécurité, avec de nombreuses productions qui montrent la force de ce pays. La Tunisie est l'un des cinq plus grands producteurs de phosphate, le 12ème plus grand producteur de marbre, le 11ème plus grand producteur de sel, le quatrième plus grand producteur d'huile d'olive, et possède de nombreuses autres productions qui pourraient normalement rendre le peuple fier et réduire l'importation de nombreux produits.
Concernant les autres sources d'énergie, telles que le pétrole et le gaz, la production tunisienne reste modeste même si elle possède de bonnes réserves par rapport à sa population. La Tunisie est ainsi obligée d'importer pour couvrir la consommation en énergie. L'emplacement géographique du pays en fait une destination attrayante pour développer le tourisme, avec un temps ensoleillé, une bonne sécurité, des plages et un patrimoine culturel riche, qui s'étend sur une histoire de 3000 ans. Tout cela ouvre les portes pour investir dans ce secteur. La mer est également une richesse, comme en témoigne la production de thon en conserve, la Tunisie est le deuxième plus grand producteur de thon dans le monde. Sans oublier les oranges, les cacahuètes et bien d'autres produits encore.
La Tunisie possède une bonne filière d'éducation et de formation, ce qui s'explique par le nombre de cerveaux qui quittent le pays, ce qu'on appelle la fuite des cerveaux, dans plusieurs domaines tels que la recherche scientifique, la médecine, l'informatique et bien d'autres secteurs. Plus de 14% des Tunisiens vivent à l'extérieur du pays, principalement en Europe et dans les pays du Golfe. Ils participent également à l'économie nationale avec une contribution de plus de 10% au PIB de la Tunisie. La Tunisie a un fort potentiel de développement en raison de son grand nombre d'ingénieurs formés chaque année. Le pays dispose également de ressources pour le développement des énergies renouvelables telles que l'énergie solaire.
Tout cela montre la richesse et la diversité des ressources, en particulier par rapport au faible nombre de la population et à la place du pays dans le monde. Malgré ces atouts, le pays connaît des difficultés telles que des crises nationales, une augmentation de la pauvreté, des problèmes de premières nécessités, une crise d'énergie notamment pétrolière, un taux de chômage élevé en particulier parmi les diplômés, la fermeture des horizons d'investissement, une insécurité qui est passée du 45ème au 99ème rang mondial, une augmentation de la migration clandestine, un pouvoir d'achat qui a complètement explosé, et une crise politique qui ne cesse de s'aggraver.
Le peuple analyse la situation de sa manière sans pouvoir y changer quoi que ce soit. Les pays de pouvoir regardent cette situation de loin et donnent des conseils politiques pour apaiser la situation. Cependant, l'inflation ne cesse d'augmenter et dépasse désormais les 11%.
Voici les vraies raisons qui ont ramené le pays à cette situation. L'histoire a commencé quand la Tunisie a obtenu son indépendance. Cette indépendance s'appuie en grande partie sur la politique étrangère menée par le premier président Habib Bourguiba. Avant l'indépendance, il a gardé les liens avec ses partenaires français, même après l'indépendance, notamment dans la construction du pays. Ce partenariat a coûté cher à la Tunisie à travers des contrats abusifs, tels que le contrat d'exploitation du pétrole en 1960 et celui du sel. Il faut noter que la Tunisie a réussi à renégocier ces contrats dans les années qui ont suivi cette date, mais pas de façon suffisante.
Des années plus tard, le pays a connu une période de stabilité remarquable. Avec toutes les ressources qu'il contient, il est devenu une cible pour les grandes entreprises qui ne dépendent pas d'un pays spécifique, mais des grandes entreprises qui regroupent des hommes d'affaires influents dans le monde. Ils ont vu en Tunisie un fort potentiel d'investissement et sont entrés dans l'économie locale en créant des filiales nationales tunisiennes pour chaque secteur, financées par la grande entreprise mère. Ils ont mis des dirigeants tunisiens pour les filiales nationales et ont profité des retours sur leurs investissements. Le problème est qu'ils ont monopolisé tous les secteurs prometteurs du pays, ce qui a réellement affaibli le pouvoir de l'État. Même si la résistance politique de l'état de cette époque a été vue par la mise en place des politiques nationales comme la coopérative agricole et des essais de négociation de ces contrats de monopole national pour garder le pouvoir de ces richesses, ce bras de fer est devenu insupportable pour ces entreprises multinationales.
Cette situation a poussé ces entreprises multinationales à l'aide de leurs dirigeants tunisiens de leurs filiales nationales très connus par le public tunisien en tant que leaders de chaque secteur, des familles soi-disant royales qui ont en réalité formé des lobbies politiques secrets. C'est pour cette raison qu'on parle beaucoup de l'État profond qui à ce stade n'est pas encore mis en place. Alors que ces dirigeants de ces multinationales ont eu la peur de perdre leur pouvoir économique et populaire, ils ont aidé au coup d'État du 7 novembre 1987 et ont financé la mise en place du système qui favorise la sécurité de leur existence et de leurs intérêts. Ben Ali, le nouveau président tunisien, a beaucoup travaillé son coup et a constitué un système policier de son côté qui réagit pour ses intérêts.
Après sa présidence, il a trouvé le temps et les ressources pour continuer son travail en affaiblissant le service militaire, en infiltrant les médias et les syndicats pour être de son côté et tenir toutes les ficelles qui, en réalité, sont à sa main pour les intérêts de ces multinationales à travers les dirigeants tunisiens qui continuent de financer ce système monopolistique. C'est cette époque qui marque la naissance de l'État profond, qui fait référence aux véritables dirigeants des pays, qui dans ce cas sont les hommes d'affaires influents. Petit à petit, ces hommes d'affaires entrent dans tous les secteurs, que ce soit médical avec la construction de cliniques, de produits pharmaceutiques ou touristique avec des hôtels de grand luxe, agro-alimentaire, ils se partagent entre eux les marchés publics dans tous les secteurs, que ce soit des bâtiments ou la production de produits subventionnés par l'État qui les rendent directement financés par la caisse nationale. L'exportation des ressources du pays à bas prix, devant la vente des produits importés à prix excessifs, est une pratique courante car ils détiennent le pouvoir. Petit à petit, ils ont investi tous les secteurs, même l'éducation avec les écoles privées. Cette situation est très bien protégée par une sécurité très renforcée par la force, des fois jugée abusive de la part d' Amnesty dans les années 90. Toute personne contre ce système est écrasée avant même de réagir. Toute remarque étrangère des fédérations est étouffée et controversée. Toute personne influente est soit achetée et corrompue, soit tuée. La démocratie est devenue un simple sport. Dans le foot, les gens font une sorte de divertissement social. La politique islamique n'a jamais été une menace pour le pouvoir tunisien. La plupart des Tunisiens sont au même groupe, la plupart sont sans choix politique spécifique. Même les quelques groupes influencés par la politique islamique mondiale sont virés du pays pour ne pas faire trop de problèmes avec les pays islamiques économiquement forts. Les gauches sont plus faciles à gérer, il suffit de salir leur réputation, de les montrer comme étant contre la religion du pays et de les mettre en prison. Une politique très efficace qui a duré avec Ben Ali, en tant que vitrine de ces hommes d'affaires influents. Avec le temps Ben Ali devient gourmand, surtout après son mariage avec Leïla, la première dame de l'époque. Les partenaires d'affaires étaient contre ce mariage pour éviter ses conséquences sur leurs affaires, mais Ben Ali, le président, tient à ce choix cette fois-ci. Il se marie avec Leïla. Les contraintes de ces familles d'affaires influentes étaient exactes. Après le mariage, le président Ben Ali commence à se faire entourer par sa belle-famille qui contient de nombreux hommes d'affaires ayant déjà fait de bons chiffres, mais autant que comme après le mariage du président Ben Ali avec Leïla. Petit à petit, avec les conflits économiques entre ces familles et le désaccord concernant le partage des investissements du pays entre ces familles, le peuple commence à en savoir trop sur le système et son fonctionnement. Les problèmes économiques et sociaux au niveau des simples citoyens augmentent face à la richesse démesurée de ces familles influentes. La révolution spontanément se déclenche, en réalité c'était une aubaine pour les familles d'affaires influentes, vu que cela pouvait leur permettre de se débarrasser de Ben Ali et de sa famille d'affaires qui commencent à dominer le marché. Ils ont influencé par tous les moyens la continuité de la révolution tunisienne, de la communication numérique au financement de certains médias nationaux et étrangers, d'autres actions criminelles telles que les assassinats politiques et les tireurs qui ont bien influencé le cours de la révolution. Ils ont encouragé par leurs hommes d'État dans les postes haut placés le départ de Ben Ali du territoire en prenant l'avion.
Le reste des hommes d'affaires de sa famille était poursuivi partout en Tunisie par des milices armées se disant révolutionnaires. Le pays était en feu entre les vrais révolutionnaires et les milices de ces familles de pouvoir profond. Les autres partis politiques ont trouvé l'espace pour se regrouper. Le peuple tunisien était solidaire et a fait barrage protecteur contre ces milices armées, ce qui a poussé les familles d'affaires à réagir autrement en se cachant sous le cap de la démocratie. Elles ont financé plusieurs partis politiques pour diviser les choix du peuple, financé des attentats et des assassinats pour maintenir cette perturbation et instabilité jusqu'à la formation de leur prochaine vitrine. Les anciennes parties politiques de Ben Ali, l'ancien président, et les employés haut placés d'État anciens partenaires sont devenus sans repères. C'est là qu'elles ont trouvé un compromis politique avec Beji Kaid El Sebssi, qui représentait une magnifique vitrine qui rappelait au peuple l'ancien régime bourguibien. À travers ce passage, qui a aidé au maintien du pouvoir économique des entreprises multinationales au pays qui était censé faire un nouveau départ, elles ont renouvelé les contrats de ces monopoles, assurant la continuité économique du pays. Après tout cela, il s'est produit beaucoup de changements politiques entre les bras de fer avec le peuple qui, par cette démocratie à laquelle il n'est pas habitué, a remis en cause ce système économique à plusieurs reprises. Chaque fois, des grands événements criminels et régionaux ont fait revenir le système à ses repères.
Les dirigeants du pays ne cessent de se changer, prétendant que sous la démocratie, nous avons vu de toutes les couleurs. Des technocrates qui travaillent pour le compte du système de ces familles, même les islamistes, le pouvoir pour eux était une obsession. À leur arrivée au pouvoir, ils sont prêts à tout pour garder le siège, même à faire des pactes avec le diable. En fait, ils connaissent très bien le fonctionnement de ce système et préfèrent l'accepter pour rester dirigeants. C'est le cas de tous les autres dirigeants qui ont passé avant et après cette période.
Du côté du peuple, les gens profitent de cette liberté d'expression et de cette différence d'image politique et de changement de dirigeants. Cela donne l'impression qu'ils sont les vrais responsables. D'ailleurs, tout ce que nous avons vu au parlement en est la meilleure preuve. Tous les Tunisiens étaient d'accord pour dire que c'était un vrai théâtre. D'ailleurs, c'est le but du système : occuper le peuple par la démocratie, le parlement étant le meilleur moyen politique pour cela.
Le rôle des syndicats dans l'histoire est, à mon avis, très complexe et ne peut pas être réduit à du noir ou blanc. Cette organisation tunisienne fondée sur des bases de soutien au peuple a généralement des membres fidèles. Les gens lui font confiance, c'est pourquoi elle a une grande base populaire. C'est pour cette raison que le système la craint et évite de rentrer en conflit direct avec elle. Mais malgré cela, des infiltrations du syndicat ont eu lieu plusieurs fois, enregistrées avec la corruption de plusieurs dirigeants. Dans presque tous les secteurs, depuis l'époque de Ben Ali, des membres de son système ont infiltré le syndicat. On trouve des grands dirigeants corrompus, des bases syndicalistes influentes. Les syndicalistes connaissent bien ce système qui a créé une sorte de politique interne. Des militants syndicalistes préfèrent garder les secrets des collègues corrompus et nettoyer les traces de l'intérieur pour protéger l'image du syndicat. Cela a fonctionné pendant un certain temps, même si ce n'est plus possible de nettoyer derrière d'autres. Cela a également fonctionné contre le système corrompu. Nous ne pouvons pas nier le fait que les syndicalistes ont fait barrage contre de nombreuses actions du système contre le peuple. C'était un véritable bras de fer parfois violent pour le peuple tunisien lorsque cela touchait sa vie quotidienne.
Du côté de la banque centrale et de l'argent d'État, les caisses sont vides. L'argent qui circule dans le pays est bien supérieur aux réserves de la banque, ce qui signifie qu'il y a une inflation trop importante dans le pays. À chaque changement de dirigeant, celui-ci préfère demander au directeur de la banque d'imprimer encore des billets de banque pour payer les salaires et les augmentations, laisser des dettes pour les prochains dirigeants. Il est préférable de faire cela plutôt que de déclarer faillite et d'assumer toute la responsabilité d'un système corrompu. Mais alors, où est passé le système des grandes familles d'affaires dans tout cela ? Normalement, ce genre de modèle basé sur le capitalisme est bien adapté à cela. Partout dans le monde, les grandes nations sont dirigées par de grandes entreprises multinationales qui influencent leur politique intérieure et extérieure. Elles financent des guerres et nettoient certains dépassements de la loi mondiale. En fait, l'argent dirige tout. Normalement, en tant que pays ultra capitaliste, l'argent devrait être massivement investi dans des investissements qui encouragent le libéralisme, l'encouragement à la consommation et à l'innovation, ce qui accélère le développement du pays et le sort de la crise. C'est en fait la base du capitalisme dans son fonctionnement, surtout si on l'applique à une petite échelle comme la Tunisie. Elle sortirait rapidement de la crise. Sauf que le modèle de capitalisme mis en place en Tunisie est différent des autres modèles liés dans le monde. Ces dirigeants en Tunisie sont conscients de la place de leur pays dans le monde avec une monnaie non internationale. Ils ne peuvent pas garder leur argent dans le pays, surtout pendant une période instable.
Pour faire sortir l'argent, le système à un réseau de contrebandiers qui sont devenus très puissants grâce à leurs contacts avec des dirigeants haut placés dans la police et la douane. La Tunisie est devenue un pays presque sans frontières. L'argent sort sous forme de devises internationales et de briques d'or et revient sous forme de marchandises qui créent un marché pour les commerçants de contrebande en deuxième ligne, qui couvrent les gros poissons en relation directe avec le système. C'est ce qui affaiblit réellement le système monétaire national. En réalité, la roue économique tourne à vide. Au moins, dans certains pays du monde où les mafieux dirigent le pays, le peuple n'en subit pas trop les conséquences puisque l'argent est investi dans le système économique. Ce n'est pas le cas en Tunisie, car à chaque fois, les caisses se vident, ce qui explique la violence de l'inflation en Tunisie. Le peuple ne peut plus assumer seul les conséquences de tout cela, car cela le dépasse tout simplement.
La crise financière en relation avec l'inflation et la dette nationale augmente. Pas d'investissement, pas de crédit, pas de pouvoir d'achat et moins de solutions pour le simple citoyen que d'acheter chez les petits marchands de la contrebande. C'est pour cela que sont envahis les centres-villes et les marchés, tellement ils sont nombreux et soutenus par la demande du peuple que la police ne peut plus gérer cette situation, ce qui a encore aidé le système à garder cette instabilité de pays. Bien sûr, pour que le système tourne, il ne faut pas avoir une stabilité politique qui peut clarifier la situation. Le système qui infiltre l'autorité policière ne doit pas être démasqué, les contrebandiers ne doivent pas être arrêtés, les dossiers de corruption dans tout secteur ne doivent pas être ouverts. Toute stabilité dans le pays met en danger le système et peut dévoiler ses secrets, et c'est pour cela que le système continue de financer le débat et encourage les conflits politiques, stimule les syndicats pour les pousser à bouger.
Une partie du système policier corrompu a profité de la situation de la sécurité nationale pour organiser de faux attentats et jouer avec la crainte mondiale du terrorisme pour gratter l'argent de l'aide mondiale de lutte contre le terrorisme. Cela nuit à l'image tunisienne en matière de sécurité nationale, ce qui la fait perdre sa bonne place en matière de sécurité du pays par rapport au monde.
L'État n'a plus d'argent et n'est plus en mesure d'assurer l'entretien du pays ni de subventionner ses secteurs. La saleté envahit le pays et les contrebandiers vendent ouvertement devant la police qui ne réagit plus de peur de représailles. Le nombre de chômeurs explose face à l'inflation et les petites entreprises ne supportent plus la crise, ce qui les contraint à fermer leurs portes. La criminalité augmente avec les vols et les cambriolages, la police ne peut plus suivre le flux de cette augmentation criminelle et l'immigration clandestine s'accroît en raison de la fermeture des possibilités d'emploi et d'un futur incertain. Même les jeunes les plus stables, diplômés de l'enseignement supérieur, abandonnent leur famille avec douleur pour partir très loin dans un pays qui leur assure une sécurité morale. Les parents en Tunisie encouragent leurs enfants à quitter le pays pour s'assurer un avenir stable.
À l'arrivée du nouveau président Kais Saied au pouvoir, ce professeur de droit constitutionnel issu d'un milieu social modeste et qui souhaite conserver son train de vie, il est difficile de négocier avec une personnalité conservatrice de ce genre. Il est impossible de le faire entrer dans le système, c'est pourquoi il a subi plusieurs tentatives d'assassinat en tant que président. Ces actions ont augmenté sa popularité au début, alors que le système corrompu a compris que ce n'est pas la bonne solution qui fonctionne avec lui. Le mieux est de l'isoler en tant que président sans pouvoir constitutionnel, car ce pouvoir est entre les mains d'un parlement qui est en majorité corrompu. Il doit être intégré dans le système pour faire fonctionner son nouveau fonctionnement.
De son côté, Kais Saied, le nouveau président tunisien, a montré sa sagesse politique et a compris qu'il doit faire face à un système très ancien, infiltré dans toutes les branches du pays. Chaque pas doit être calculé. Au début, il a commencé à créer des liens avec des partenaires internationaux pour calmer la pression étrangère.
Une partie du public tunisien l'a pris pour cible, le considérant corrompu avec les pays étrangers. Il était conscient des difficultés de chaque action contre ce système. Il a créé des liens avec le service militaire, on l'a vu dîner avec eux dans les frontières, entouré par les plus loyaux d'entre eux pour assurer sa sécurité. Dès qu'il a compris qu'il était devenu plutôt à l'abri du danger, il a commencé à nettoyer la police de plusieurs personnes corrompues. Il a démis de leurs fonctions plusieurs dirigeants de police et de douanes, voire des ministres, et a démantelé des réseaux appartenant au système de corruption. Mais le système en place est tellement ancien et bien établi depuis la mise en place de Ben Ali qu'il est compliqué de le démanteler complètement avec ces quelques changements, et il en est conscient. D'ailleurs, cela s'est retourné contre lui, puisque le système a utilisé cela pour salir son image en tant que président, dans sa grande tour qui ne connaît pas les vrais besoins du peuple et qui ne s'occupe que de la politique globale du pays. Le système a utilisé pour cela tous les opposants politiques et même leur infiltration syndicale. En conséquence, le président a annoncé la fermeture du Parlement en tant que source de ces problèmes politiques à travers son réseau loyal militaire. Au début, cette action a été soutenue par une grande partie du public. Les familles d'affaires qui tiennent ce système gèrent les secteurs de production et de distribution des premières nécessités, même ceux qui sont subventionnés par l'argent de l'État prennent le relais dans ce bras de fer avec le président pour qu'il relâche la pression. Le peuple a trop souffert des conséquences de ce bras de fer, une crise alimentaire s'installe, qui s'accumule avec les autres crises économiques et sociales. Le président fait des sorties médiatiques avec des discours directs et indirects pour prévenir ces familles influentes des dangers de la situation. Pendant ce temps, la machine médiatique du système travaille encore pour salir l'image du président en parlant de laxisme présidentiel et en disant qu'il ne réagit pas devant ces problèmes alimentaires devenus insupportables, et qu'il s'occupe seulement de la politique. Bien sûr, les médias en Tunisie sont subventionnés par les entreprises qui financent tous les médias, c'est la base de sponsoring, il n'y a pas d'autre source de revenus autre que ce système classique, ce qui maintient la main des entreprises sur les médias nationaux privés. Le président Kais Saied a organisé un débat et a menacé les hommes d'affaires de ce système en possédant les dossiers de corruption qui les détiennent et leur a demandé de subventionner la caisse nationale pour un bon démarrage, mais les familles du pouvoir de ce système préfèrent entrer en conflit politique avec le président.Ils ferment encore les robinets des sources alimentaires des citoyens pour faire bouger le peuple contre le pouvoir du président Kaïs Saïed et faire bouger leurs milices qui infiltrent les manifestations pour créer une série d'incidents partout dans le pays, ce qui fait augmenter les tensions. Le président Kaïs Saïed a compris que la négociation à ce niveau ne peut plus continuer par ce système qui détient le pouvoir, car la réalité du terrain montre que le système corrompu infiltre encore des postes influents dans la direction du pays. Le président tunisien pousse certains dirigeants à démissionner et écarte d'autres avant de lancer une série d'arrestations contre des hommes d'affaires influents et des dirigeants de ce système. Il attaque carrément les noyaux du système. Étant donné que leurs réseaux de personnes influentes qui dirigent ce système représentent des multinationales partout dans le monde.
Quelques heures après les arrestations, des contestations ont eu lieu dans de nombreux pays étrangers envers la politique du président tunisien, rappelé à l'ordre sous les pressions des entreprises multinationales mères qui cherchent à conserver leur pouvoir dans le sol national tunisien. Le président Kais Saied a lancé une conférence de presse dans la chaîne nationale pour répondre sévèrement à ces contestations, en rappelant la réalité de la politique mondiale selon laquelle tout pays, même les plus puissants, est impacté par ce côté sombre du système. Il a affirmé que la Tunisie est libre de choisir sa politique intérieure en tant que pays indépendant, et qu'il n'accepte pas que les autres pays se mêlent des affaires nationales tunisiennes.
Ce que Kais Saied a fait peut servir de bonne leçon pour tout complotiste sur le pays. Cela aura des conséquences sévères pour répondre à ces faits, sachant que des dirigeants d'un tel système national savent trop bien comment se protéger juridiquement. Maintenant, le président tunisien doit penser au-delà de cette lutte contre le système, comme tout autre dirigeant de grande nation qui a compris le système et a appris à le maîtriser. Il faut toujours garder le pouvoir de l'État pour organiser le système à sa manière, tout en gardant la direction de ce système capitaliste qui peut accélérer la reprise de la machine économique à travers les grandes entreprises multinationales qui ont déjà leurs ressources en place, capables d'une bonne reprise rapide, capables de supprimer les problèmes nationaux tels que nous les connaissons aujourd'hui.
Ce coup de fouet peut également pousser les entreprises multinationales qui investissent en Tunisie à bien influencer leurs dirigeants pour une conduite partenaire avec l'État. Nous avons vu de nombreux exemples dans les pays forts où des entreprises prennent plus de confiance et se montrent plus fortes que l'État, et où la force nationale prend le relais. Cela peut aller jusqu'à la reprise de l'entreprise et à sa gestion par un gestionnaire judiciaire jusqu'à la sortie de la crise. Cela s'est produit dans de nombreuses industries agroalimentaires aux États-Unis, des usines pharmaceutiques en Europe, et même des usines de production de masques au moment de la pénurie due à la crise de la Covid-19. Je me rappelle qu'à la pénurie d'huile en France, l'État a pris le relais de la direction des usines et de la distribution, et a même imposé des restrictions sur l'utilisation professionnelle, ce qui montre que l'État est capable de garder le contrôle dans un système capitaliste. Le système actuel dépasse ses mesures et cela prendra du temps pour que l'État installe ses repères et relance la reprise économique, mais au moins sur de bonnes bases.
Les gens demandent pourquoi il n'y a pas de projets innovants dans le pays, pas de business angels, pas de fonds d'investissement, pas de développement. La réponse est que le système oblige les Tunisiens à passer par lui pour chaque nouveauté. Il faut qu'il tire profit de toute initiative et s'il ne passe pas par ce système, il est capable de l'empêcher d'exister. En montrant la force du nouvel État dirigeant en place, le président peut négocier avec ce système sur des bases solides pour une réconciliation avec les hommes d'affaires qui apportent de l'argent à la caisse de l'État pour le bien du peuple tunisien.
S.Wajdi
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